Initiative pour des transports publics gratuits : pas le bon chemin pour la défense d'une mobilité plus durable

L’ATE Vaud a pris connaissance de l’initiative cantonale pour des transports publics gratuits, dont la récolte de signature vient de démarrer. Alors qu’elle accueille très positivement toute action visant à renforcer le rôle et l’importance des transports publics, la section vaudoise – en tant que défenseuse d’une mobilité plus durable – ne peut cependant soutenir cette initiative, en tant qu’elle risque de mettre en péril l’entretien et le développement des transports publics, sans pour autant répondre aux objectifs qu’elle souhaite défendre.

L’ATE défend depuis toujours des transports publics financièrement accessibles ainsi qu’un renforcement continu de l’offre en trains et bus pour les Vaudois·e·s. Ce renforcement contribue à un report modal de la voiture aux transports en commun ainsi qu’un encouragement à l’intermodalité. Quant à la question financière, il est nécessaire que les personnes disposant de moyens limités puissent prendre les transports publics peu importe leur revenu.

Lancée par une coalition d’organisations, l’initiative cantonale pour des transports publics ne permet cependant pas de répondre à ces objectifs. En particulier, elle menace durablement le financement des transports publics, pris en charge conjointement par les communes et le canton de Vaud. En Suisse, le paiement des billets et des abonnements de transports publics contribue à hauteur de 50% des coûts des transports en commun. En l’absence de tels apports, les coûts seraient à charge du canton et des communes. Certaines communes, pour des raisons conjoncturelles ou de choix politiques, risquent de renoncer au développement et à l’entretien de leur réseau de transports en commun, aujourd’hui ou demain. Si cela arrive, la qualité et l’attractivité des transports publics risque de fortement baisser. En outre, requérir une gratuité totale aujourd’hui risque de nuire au débat qui viendra vraisemblablement sur le mobilty pricing, dans lequel il faudra être particulièrement vigilant·e quant à l’exclusion d’une application aux transports publics.

Les initiant·e·s se basent notamment sur différentes études réalisées en Europe. Cependant, celles-ci ne portent que sur des régions entièrement urbanisées, avec un réseau dense. Le Canton de Vaud n’est pas représentatif de ces lieux : villes, zones périrubaines, campagne, Jura, Chablais ou encore les Préalpes sont tant de zones aux caractéristiques particulières, qui ne sont aucunement comparables à la gratuité mise en place dans une ville. En dehors des agglomérations, la qualité et le développement du réseau sont essentiels pour concrétiser un report modal, et la gratuité des transports publics ne contribue en rien à l’amélioration de la situation.

« Si on habite à Pampigny et qu’on travaille à Epalinges par exemple, il faut deux fois plus de temps en transports publics qu’en voiture pour y aller. Ce n’est pas le prix qui va influencer le comportement des gens mais l’offre et la cadence » explique Romain Pilloud, le secrétaire général de la section vaudoise de l’ATE.

L’initiative risque donc de manquer sa cible, raison pour laquelle l’ATE ne peut la soutenir. L’ATE défend des politiques communales et cantonales ciblées, comme le subventionnement de certaines catégories d’abonnements de transports publics, les billets dégriffés, les cartes journalières CFF vendues par les communes, le développement d’infrastructures d’intermodalité dans les gares permettant de combiner différents modes de transport. La gratuité des transports publics peut également être envisagée de manière ciblée ou à un niveau local, mais ne s’adapte en tout cas pas à une réalité cantonale.

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